HIS2210-10 : Introduction
à l’histoire du Moyen-Âge
TRAVAIL
DE SESSION: Le
revenant de Beaucaire
Par Gabrielle
Gareau
UQÀM, Le
30 novembre 2015
Le Moyen-âge semble être le temps où
l’humanité s’est plongée dans la noirceur. Cette époque surtout connue pour la
perte des grandes et riches institutions politiques de l’Antiquité et pour le
retour à la terre. Il s’agit certainement d’années incomprises et mystérieuses
pour les contemporains. Mais, comme le dit Jacques Chiffoleau, «C’est encore
l’explosion inattendue, et peut-être sans lendemain, de l’affectivité et de
l’irrationnel qui caractérise, pour la plupart des spécialistes, les phénomènes
culturels de cette sombre époque.»[1] En
effet, les manières de pensée et les valeurs véhiculées semblent si éloignées
de notre quotidien, encore plus que celles de l’Antiquité. L’analyse d’un
document datant de l’époque permet une intrusion dans cette manière de penser,
dans cette vision de la vie, et dans ce cas-ci, de la mort.
«À travers la mort, il s’agit
d’esquisser une histoire sociale de la religion.»[2]
Nous étudierons cette époque unique à travers un sujet qui lui est bien
familier, la vie après la mort. Il s’agissait d’un questionnement quotidien
pour les gens de l’époque, car «avec la mort, c’est aussi la nature du champ
religieux qui est en cause, c’est-à-dire le système d’interprétation du monde
que les hommes se donnent et l’ensemble des actions symboliques par lesquelles
ils espèrent modifier l’ordre des choses.»[3]
Dans Le revenant de Beaucaire, nous pourrons voir les différents
questionnements qu’avaient les gens face à ce terrain inconnu; comment l’Église
utilisait ce mystère et cette inquiétude pour son profit. Une analyse
sociologique et historique de la mort permet des réflexions sur la famille, la
propriété, la reproduction, le lègue, la religion, ainsi que les valeurs
morales. On retrouve une explication similaire dans La comptabilité de l’au-delà :
«La mort pouvait être, dans un premier
temps un lieu d’observation idéal non seulement pour mesure l’impact de l’encadrement
clérical sur les structures mentales, les pratiques et les croyance, mais aussi
pour mieux circonscrire le rôle de l’appareil ecclésial dans les transformations
sociales. La mort en effet est au centre de la vie. La disparition d’un individu
met radicalement en cause l’ordre familial, social et politique. C’est donc
autour de cette rupture fondamentale que peuvent se lire le plus facilement les
processus de reproduction qui permettent au corps social de continuer à se
développer.» [4]
Ainsi,
avec ce récit folklorique datant du XIIIème siècle, nous pouvons analyser
plusieurs aspects de la vie de l’époque. D’abord, la relation qu’ont les gens
avec la mort. Puis, la relation qu’ils ont avec la religion, car ces deux
thèmes sont étroitement liés, surtout à cette époque. Nous essayerons de
démonter, avec ce texte, comment l’Église s’intègre dans deux sphères
principales de la société; soit la vie et les croyances personnelles des gens
et la vie politique.
Le
revenant de Beaucaire fût écrit par Gervais de Tilbury. De
l’auteur, on ne connaît que peu de choses. La plupart des informations
concernant sa vie sont des parcelles recueillies à travers les lignes de ses
propres ouvrages.[5]
Il serait né autour de 1150, à Tilbury, dans la province de l’Essex et aurait
grandi dans une famille noble proche de la famille royale d’Angleterre.[6]
Grâce à ses écrits sur certains évènements, il est possible de juger de son âge
à ces époques, et de faire un tracé général de sa vie, même si plusieurs années
manquent toujours. Il a étudié la loi canonique à Bologne, où il est devenu
magistère et a enseigné.[7] Il
était un très bon ami du jeune Henri III, et lui a même écrit un livre; Liber Facetiarum.[8]
Grand voyageur, il passera sa vie entre l’Angleterre, l’Italie et la France.
Après avoir passé quelques années à la cour de Guillaume II le Bon, comme
juriste, il quitte pour Arles, en Provence, ou il sera juge de l’archevêque.[9]
Puis, en 1209, «l’avènement à l’Empire d’Otton IV de Brunswick […] lui procure un éminent protecteur. [Celui-ci] l’investit de la
charge de maréchal de l’Empire pour le royaume d’Arles – charge toute
honorifique […] »[10]
Il compose l’Otia Imperialia quelques
années avant sa mort, ouvrage entièrement dédié à l’empereur.
La datation de l’œuvre est un mystère
pour tous les spécialistes qui s’y attardent. Certains ont dit 1211, mais après
une analyse plus détaillée des mots de Gervais de Tilbury, on a attribué
l’ouvrage à une date postérieure. D’après Raoul Busquet, historien français,
«ce serait donc à la fin de 1213 ou dans les quatre premiers mois de 1214 que
Gervais aurait mis la dernière main à son livre.»[11] Même
si l’oeuvre est dédié par l’auteur à Otton IV de Brunswick, tous s’entendent
pour dire qu’il était originalement pour le prince Henri III. Les différentes
parties du livre ont donc des dates d’écriture très différentes. Lorsque le
prince Henri meurt subitement, Gervais arrête l’écriture. Il complètera
l’ouvrage des années plus tard, pour l’empereur Otton.[12]
Cet
immense ouvrage est un recueil de toutes sortes d’histoire, ayant pour but clair
d’amuser son public. Tout en divertissant, les histoires sont aussi grandement
éducatives. Il s’agit en fait d’un récit folklorique, riche en informations sur
le Moyen-âge. On y trouve de tout : «cosmogonie, cosmographie, physique
générale, géographie et histoire.»[13]
La troisième partie, où on trouve l’extrait dont il est question dans ce texte,
est un «recueil de faits merveilleux, - les Mirabilia»[14]
Le
texte fait partie d’un recueil de centaines de courtes histoires. Il fût écrit
en latin. Il s’agit d’un récit ayant «un double but : instruire et
amuser.»[15]
Par des récits véridiques et parfois inspirés, l’auteur tente d’éduquer le
lecteur sur ce qui l’entoure. Gervais de Tilbury avait une magnifique capacité
à saisir son époque, et permet autant au lecteur actuel que de l’époque de
s’instruire et d’être intéressé à l’histoire. Rempli de faits historiques et
d’anecdotes, sa visée principale était tout de même de flatter, sans aucune
subtilité, l’empereur, mais aussi d’instruire les autres qui avaient la chance
de le lire.
Le
récit prend place en 1211, durant la treizième année du pontificat d’Innocent
III et durant la deuxième année du règne d’Otton IV comme empereur germanique. C’est
l’année où a lieu le siège de Toulouse, où Raymond VI inflige une défaire aux
Croisés. La ville de Beaucaire fait partie du diocèse d’Arles[16],
qui fut particulièrement touchée par la croisade des Albigeois. Lorsque la
croisade commence en 1209, plusieurs villes seront siégées, les églises seront
détruites et les résistants, punis. L’auteur fait référence aux Dialogues de Saint Grégoire le Grand,
pape au VIème siècle et un des Pères de L’Église d’Occident. L’auteur utilise
aussi le terme Géhenne, qui signifie l’Enfer.
L’origine
des Cathares remonte à un pape Bulgare du Xème siècle, qui donne naissance à
cette pensée dualiste où les adeptes seront nommés Bogomiles. Ces idées seront répandues et rendues populaires au tour
de la Mer Noire et en Macédoine. Elles seront ensuite répandues vers l’ouest.
Puis, c’est le sud de la France et de l’Italie, sur le côté nord-ouest de la
Méditerranée, qui deviendra le point central des hérésies. On trouve plusieurs
origines à l’appellation cathare. Le
mot serait dérivé du mot allemand pour chat : Katte. «Au Moyen-âge, on aurait donc qualifié de cathares
(hérétiques) ceux qui avaient pour habitude d’embrasser le derrière d’un chat
pour honorer Satan.»[17] En effet, Satan est bien au centre de la
pensée cathare. Les Hérétiques, qui
sont la grande famille dont font partie les cathares, sont «considérés comme
tels au nom d’une religion qui pose comme principe que toute déviation par
rapport à ses principes fondamentaux risque de mettre en cause son unité.»[18]
Le
Catharisme est «une doctrine dualiste [qui]
est prêchée au milieu du Xème siècle dans une partie des
Balkans; ses adeptes, qui se présentent comme meilleurs chrétiens que les
orthodoxes, ne se contentent pas d’attribuer au diable la création du monde
matériel et des corps : ils tournent en dérision la vénération de la croix
et des reliques, comme le culte des icônes; donnant une interprétation purement
allégorique de la dernière Cène, selon laquelle, par «mon corps et mon sang»,
le Christ désignait son propre message»[19] Cette
doctrine oppose deux mondes. Un premier, divin et créé par Dieu, serait parfait
et immortel. Il y existe toutes les créatures invisibles. L’autre monde, celui
où nous vivons, est mauvais. Il est créé par le diable, figure bien importante
pour les Cathares. Dans ce monde existe toutes les créatures sensibles, qui
ressentent la souffrance et le mal, ainsi que toutes les émotions négatives.
Les corps et âmes vivants dans ce monde sont fait de chair bien visible, maison
du Diable.[20]
Les cathares, et les hérétiques en général, étaient considérés comme plus
dangereux encore que les autres religions, car ils menaçaient la légitimité de
la chrétienté, et l’essence de Dieu et de Jésus lui-même. À l’intérieur de la
grande famille chrétienne, ils mettaient en danger l’unité, la force et l’homogénéité
de cette grande famille.[21] On
donne aux Cathares du Languedoc le nom d’Albigeois, car ils proviennent de la
région d’Albi. Les enseignants de cette fois se nomment les Parfaits et Parfaites ou Bonshommes
et Bonnesfemmes, car cette foi permet
aux femmes de jouer un rôle important dans la pratique religieuse.[22] Cette
région était supposée être un centre important pour les mouvements cathares et
a subi plus que les autres les attaques d’Innocent III.[23] C’est
dans la France du Midi et le nord de l’Italie que le catharisme se développera
et en viendra à être une menace pour l’Église catholique de Rome et de
Constantinople.
Le
XIIIème siècle a reçu le nom de «siècle des Croisades». L’idée de partir en
croisade devient très populaire et toute la société s’y implique. Encouragée
par toute l’Église, toute une équipe militaire quitte conquérir l’Orient pour
amener le cadeau de la foi chrétienne aux peuples d’ailleurs. En plus d’être
une expérience gratifiante pour les chevaliers et le roi, c’est une excellente
manière de montrer qui détient le pouvoir en Occident, et de prendre les
trésors trouvés sur la route.[24] Les
Croisades stimulent l’économie par la fabrication d’armes, en plus
renforcissent le pouvoir en place. Bref, tout le peuple s’en réjouit. La «croisade»
des Albigeois par contre, ne sera pas comme les précédentes. Celle-ci ne vise
des étrangers d’une autre religion; elle veut ruiner les habitants même du
royaume. Elle sera menée par l’Église chrétienne et surtout, le pape Innocent
III.
Le
pape Innocent III, de son vrai nom Lotario Conti, est né en 1160[25]. Dès
son plus jeune âge, il est reconnu comme travaillant, essayant toujours de
faire valoir ses opinions. Il a étudié dans les meilleures écoles, en théologie
et en droit canonique. Il accède au pontificat en 1198, la journée même de la
mort de son prédécesseur Célestine II.[26] Homme
très intelligent, Innocent III affrontera tous les problèmes auxquels fait face
l’Église avec rigueur et courage. Il a toujours voulu un grande République
chrétienne et y travaillera toute sa vie, par tous les moyens.[27] Connaissant
bien la loi, il s’est attribué plusieurs pouvoirs et a profiter des
instabilités dans les royaumes autour pour prendre le titre de gérant suprême
des États. Lors d’un conflit entre le roi de France et le roi d’Angleterre, Le
roi John d’Angleterre demandera justice au pape. Celui-ci n’interviendra pas
mais, par une lettre, se donnera les pouvoirs de le faire dans tous conflits
futurs.[28] Dès ses
premiers mois comme pape, il planifie comme gérer l’hérésie. Suivant la lignée
des papes avant lui, mais se montrant plus actif encore, il utilise déjà des
moyens radicaux pour atteindre ses buts, soit : «chasser les hérétiques,
et sévir contre ceux qui les protègent ou entretiennent des relations avec eux,
autrement dit leurs complices.»[29] Innocent
III voulait une union de toute la chrétienté, où le pouvoir politique se
situait sous le chef de cette république religieuse. Il réussit très bien, car
il jouait au juge dans les conflits politiques et territoriaux. Il réussit à
convaincre plusieurs rois et chefs de l’accompagner dans la bataille contre
l’hérésie, même si ceux-ci n’avaient aucun cathare directement sur leur
territoire, et qu’ils n’avaient pas à s’impliquer dans une telle affaire.[30] Bref,
il «occupera la chaire du Saint-Pierre jusqu’en 1216 de manière très active et
réfléchie, et ne cessera d’intervenir dans les affaires temporelles en tant que
représentant intransigeant des thèses théocratiques qu’il incarne avec
détermination.»[31]
C’est ainsi qu’il commence la grande croisade de 1209, contre l’hérésie en
général, et plus particulièrement pour chasser les Cathares.
Otton
IV de Brunswick, fils d’Henri le Lion, ou Henri XII de Bavière et de Saxe,
était le prince de la famille des Welf. Il tente d’accéder une première fois au
pouvoir en 1197 quand Henri IV meurt, mais ce sera plutôt Philippe de Souabe
qui sera élu empereur. Il réussit cependant à être élu roi des Romains par le
parti guelfe et à se faire un puissant allié en promettant de le soutenir dans
ses manœuvres; le pape Innocent III.[32] Il a du
attendre l’assassinat de Philippe pour accéder au pouvoir. Il épouse la fille
de celle-ci, ce qui rend son ascension au pouvoir encore plus évidente.
Couronné en 1209 à Rome, il ne sera empereur germanique que pendant dix ans. Il
se fît excommunié par le pape, car ne tenant pas ses promesses, il tenta de
conquérir l’Italie, qui était le territoire du pape. Le pape tentera de le
remplacer par Frédéric II, et réussira après la défaite d’Otton IV à Bouvines.[33]
Même
avant Innocent III, la chasse aux hérétiques était déjà bien entamée. En 1179,
au troisième concile de Latran, on annonce que :
«Comme
(…) la folie des hérétiques s’est
accrue de telle sorte qu’ils n’exercent plus seulement en secret leur
malignité, mais la proclament ouvertement et pervertissent les gens simples et
faibles, nous prononçons l’anathème contre eux et contre tous ceux qui
adhèreront à leurs principes et les défendront; nous défendons, sous peine
d’anathème, de les loger, de faire commerce avec eux… Quiconque s’associera à
ces hérétiques sera exclu de la communion et tous sont déliés des devoirs et de
l’obéissance contractés envers lui… Tous les fidèles doivent s’opposer
énergiquement à cette peste, et même prendre les armes contre eux. (…)»[34]
Déjà au XIIème siècle, l’Église voit
les cathares comme une peste gagnant du terrain et beaucoup d’adaptes, et
veulent agir rapidement. En 1119, au deuxième concile de Toulouse, on «condamna
une hérésie déjà répandue dans la région».[35] C’est l’assassinat d’un légat du pape, en
1208, qui semble être l’élément déclencheur d’une réponse plus violente contre
les hérétiques.[36]
En 1209 commence donc la première croisade des Albigeois. Au nom du pape, et
avec son soutien total, Arnaud-Amaury, l’abbé de Cîteaux obtient la permission,
et l’ordre, de défaire complètement le soutien aux hérétiques dans les régions
les plus affectées. Ceux qui participent à cette mission se voient accordés les
mêmes avantages que les Croisés qui participent à la conquête de la Terre Sainte
(Croisade dans l’Orient.)[37]
Cette croisade différait des précédentes, car elle n’avait pas pour ennemi les
infidèles, mais bien d’autres chrétiens. Il s’agissait de s’en prendre «aux
cadres locaux laïques ou religieux, en les destituant et en les remplaçant par
des catholiques fidèles à la papauté.»[38] La
première croisade continuera jusqu’en 1224, et une seconde aura lieu de 1226 à
1229. C’est à l’année 1243 qu’on attribue la fin de la bataille contre les
Cathares; lorsque 210 personnes sont brulées vivantes au bucher de Montségur.[39]
1. La religion dans le quotidien des
vivants
Le Moyen-âge a su changer les limites
de la vie humaine. L’Église a créé une nouvelle sphère de temps, celle du troisième lieu, changeant la religion
chrétienne à jamais. L’invention de ce nouvel espace change complètement le
rôle de la religion dans la vie et dans les pensées des croyants. Comme Jacques
Le Goff l’explique si bien dans La
naissance du purgatoire : «L’au-delà est un des grands horizons des
religions et des sociétés. La vie du croyant change quand il pense que tout
n’est pas joué à la mort.»[40]
La religion chrétienne est maintenant basée sur cette dualité des mondes après
la mort et nous allons voir comment ce nouvel espace dans la Chrétienté a su
donner son immense pouvoir à l’Église chrétienne.
1.1
La dualité des mondes après la mort
Dans
le monde de l’Antiquité, un concept d’enfer existait déjà dans la plupart des
religions. Chez les Assyro-Babyloniens, la mort n’est que souffrance. Les
défunts languissent dans ce monde éternel. Les âmes souffrent, ne vivent aucun
des plaisirs sensoriels terrestres. La vie après la mort n’est que lamentation
éternelle.[41]
Chez les Égyptiens, le concept de vie après la mort est évident, ce qui
explique les trésors et parures dans les sarcophages. Autant les pharaons que
les simples paysans voulaient s’assurer un passage à une autre vie avec toutes
leurs plus belles possessions. On retrouve aussi sur plusieurs œuvres La pesée de l’âme[42],
avec Anubis, dieu des morts et de l’embaumement. Après la mort, on pèse l’âme
du défunt; si elle est plus lourde qu’une plume, la dévorante avale l’âme tout
de suite. Pour les civilisations antiques, les Égyptiens, les Babyloniens, les
Juifs, les Barbares du nord, les Grecs et les Romains, la terre était la place
des Hommes, et les cieux et le souterrain appartenaient aux Dieux. Ceux-ci les
entouraient et il fallait leur laisser la place qu’ils se méritaient. Plusieurs
mythes racontent l’arrogance des Hommes qui ont essayé de trop s’approcher des
Dieux. «Les Anciens […] avaient davantage
redouté les profondeurs de la terre qu’ils n’avaient aspiré aux infinis
célestes, souvent habités d’ailleurs par des dieux de colère.»[43] Dans le
Christianisme qui évolue toujours, ces deux mondes sont opposés plus que
jamais ; bon et mauvais, blanc et noir, beau et laid, agréable et
souffrant, la vie et la mort, l’immortel et le mortel, etc. Contrairement aux
civilisations anciennes polythéistes où la religion est un spectre et que les
Dieux nous entourent, le Christianisme pousse une idée de dualité simple et
tranchante. Rien n’est ambigu ; le verdict après la mort sera sans retour.
1.2 Le Purgatoire
La naissance du mot
purgatoire a été bien étudiée par Jacques Le Goff. Il suggère que le concept
serait né «au moment de l’épanouissement de l’Occident médiéval dans la seconde
moitié du XIIème siècle».[44] Cet
auteur fait un lien direct avec l’époque à laquelle est née le
purgatoire : « Le Purgatoire est un élément de cette expansion dans
l’imaginaire social, dans la géographie de l’au-delà, dans la certitude
religieuse. Une pièce du système. C’est une conquête du XIIème siècle.»[45] En
effet, le Purgatoire est un produit de son époque. Il a réussi à se populariser
grâce à une Église ayant complète confiance en ses capacités et sa force. Il
réussi aussi à s’implanter à une époque où la connaissance du monde s’agrandit,
où les gens croient à une expansion générale de leurs environs et une
complexification de leurs systèmes sociaux et politiques. Il réussit aussi à
transformer l’idée d’un Jugement pour l’humanité à la fin des temps. Le temps a
toujours fasciné les humains. L’idée de la fin des temps fascine, tout en
inspirant la peur de l’inconnu. Cette peur de l’inconnu du destin de l’humanité
a été transformée en une peur individuelle de chacun pour sa vie et pour ce
jugement qui vient après la mort.[46] Une
crainte individuelle est toujours plus effrayante qu’une peur générale pour
l’humanité.
Alors qu’il y a autant de
versions de purgatoires que de personnes le décrivant, plusieurs concepts,
idées et images reviennent. Les textes de l’époque sont fiables pour leur contenu,
au sens qu’ils nous indiquent réellement les croyances de l’époque. Cependant, on
ne peut se fier aux noms d’auteur figurant sur les textes, car les clercs
changeaient les noms pour des auteurs célèbres pour populariser les ouvrages.
Les écrivains et scribes du Moyen-âge faisaient peu attention à l’authenticité
des documents et y apportaient des modifications à leurs goûts, «car ce qui
inspire les hommes du Moyen Âge c’est la quête de la vérité éternelle, non de
la vérité historique».[47]
Le purgatoire est
normalement représenté par le feu. Lorsque l’on meurt, les parfaits,
c’est-à-dire les saints, les martyrs, etc., vont au paradis directement. Les
damnés vont directement en enfer, où ils erreront éternellement pour payer les
péchés qu’ils ont accumulés de leur vivant. Pour tous les autres, la majorité,
c’est le purgatoire qui attend. Cet espace où l’on reste pour payer ses péchés
et espérer pouvoir passer au ciel une fois la punition accomplie.
1.3. La peur de l’enfer
Comme
nous l’avons dit plus tôt, la naissance du concept de Purgatoire est grandement
due à son époque. Il s’agit d’un moment dans l’histoire médiévale où l’Église
chrétienne est en pleine croissance et son pouvoir est incontesté. Le régime
féodal, fondé sur la peur, est un allié parfait pour une autorité religieuse
forte que personne ne conteste. Une peur généralisée règne; entre maîtres et
serviteurs, seigneurs et paysans, roi et seigneurs. On voit bien alors la
pyramide sociale créée : «Dieu est un seigneur, et même le seigneur par
excellence. C’est Dominus Deus, le
seigneur dieu.»[48]
Il y a aussi une peur de la famine et de la maladie, ainsi que la peur toujours
présente de la guerre ou des invasions. La peur fait partie intrinsèquement du
système en place. La peur de l’inconnu, de ce qui vient après existe aussi chez
tous les êtres humains. L’Église prit le contrôle de cette peur, la fit sienne
à gérer. Elle se donna la responsabilité de faire le pont entre la vie sur
terre et le jugement certain qui vient après. C’est donc ce rôle, qui parvient
même à un partage du pouvoir sur l’au-delà entre elle et Dieu, [qui] prouve que l’enjeu
était important. Pourquoi ne pas laisser errer ou dormir les morts?»[49]
1.4. Le pouvoir de l’Église
Ce
pouvoir que l’Église se donne, elle le maintient par la peur et l’ignorance des
gens qu’elle gouverne. Toutes les relations interpersonnelles du Moyen-âge sont
basées sur le dominant et le dominé. À partir du pouvoir politique, jusque dans
la famille, il y a le maître et le serviteur. L’Église se donne le rôle de
gérer ses relations, dans la vie religieuse des gens, jusque dans leurs foyers.
Comme nous avons vu plus haut, cette force vient de la peur des gens. Il est
impossible de savoir ce qui arrive réellement après la mort; voici d’où vient
cette peur. L’Église chrétienne peut donc jouer le rôle protecteur contre la
mort, et elle sait bien jouer son rôle. C’est avec des textes que les religieux
peuvent animer l’imaginaire des gens : «L’enfer est impensable, indicible,
infigurable : il excède toute possibilité de pensée, le langage, de
représentation. Mais cela ne signifie pas qu’on ne puisse rien en dire :
les textes parlent de l’enfer, tout en disant son caractère indicible.»[50]
L’Église se rend maître de ce futur, se place entre celui-ci, qu’elle prétend
connaître mieux que les autres, et les mortels. Plus les gens ont peur, plus
ils font confiance à l’Église pour les sauver, et plus celle-ci grossit et
s’affirme comme toit solide contre tous les malheurs que la vie et que Dieu peut
faire tomber : «Les guerres
continuelles, les troubles incessants […], la menace constante d’une justice
dure et sujette à caution et, de plus, l’angoissante crainte de l’enfer, du
diable et des sorcières, provoquaient une inquiétude générale qui faisait à la vie un sombre arrière-fond.»[51] C’est
donc quotidiennement que l’Église intervient dans la vie des gens, car si Dieu
les observe toujours, c’est l’Église qui leur le rappelle.
2. Pouvoir politique et empire
2.1 Structure pyramidale
Nous l’avons dit plus tôt, une
hiérarchie structure la vie, dans toutes les sphères de la société. Le roi et
le pape figurent au sommet de cette pyramide, chacun voulant être au-dessus de
l’autre. Puis, il y a les figures de l’Église; les archevêques, les clercs, les
prêtres, etc. Même chose du côté du pouvoir politique; chaque étage détient son
rôle et responsabilités. Chacun se réfère à son supérieur, jusque dans les
familles. L’Église et l’État se battent pour le pouvoir depuis le début du
Moyen-âge, chacun pensant qu’il domine l’autre. Est-ce l’Église qui confère la
légitimité à l’État ou est-ce le contraire?
2.2. Pouvoir bicéphale[52]
Aucun système politique n’a vu une
présence de l’Église aussi accrue que l’Occident du Moyen-Âge. En effet,
l’histoire de ces quelques siècles se composent des conflits et ententes entre
ces deux chefs: «Les rapports entre les deux têtes de la Chrétienté manifestent
la rivalité au sommet des deux ordres dominants mais concurrents de la
hiérarchie cléricale et de la hiérarchie laïque.»[53] Ce
conflit oppose deux pouvoirs différents mais tout de mêmes égaux; le pouvoir
spirituel et le pouvoir temporel, le prêtre et le guerrier.[54] L’un
représente le divin, l’éternel, l’avant et l’après de la vie humaine et cette
relation intime qu’ont les gens avec la religion. L’autre représente la
protection, la sécurité, la loi, la terre et l’économie. Le pouvoir du présent,
du quotidien, contre celui de l’intemporalité et de l’âme. On peut ainsi
comprendre pourquoi ils ne s’entendaient pas et pourquoi on ne peut choisir qui
est le plus important.
Plusieurs rois et empereurs tenteront
de se faire attribuer une importance religieuse. Le sacrement en est un
excellent exemple. Les rois tenteront, par la cérémonie du sacrement, de
montrer qu’ils détiennent la bénédiction de l’Église et de son chef. Une
arrivée au pouvoir encouragée par l’Église démontre la puissance du nouveau
roi. Plusieurs rois le feront au début du Moyen-Âge; Clovis 1er et
Charlemagne seront dans les premiers à créer une forte alliance et ramener le
pouvoir de l’Église dans leurs mains. À plusieurs reprises à travers les
siècles du Moyen-Âge, les deux pouvoirs feront des alliances et des échanges.
«L’Église sacralise le pouvoir royal. Aussi faut-il que tous les sujets se
soumettent fidèlement et avec une obéissance aveugle à ce pouvoir puisque celui
qui résiste à ce pouvoir résiste à l’ordre voulu par Dieu.»[55] Lorsque
le roi est sacré, son pouvoir est intouchable, car non seulement est-il dans son
sang, mais Dieu l’encourage aussi. Parfois, l’Église décide qui sera Roi, place
un fidèle à sa tête. Parfois, c’est le roi qui mettra un pape au pouvoir. Évidemment,
si le roi oublie que c’est l’Église qui lui a donné ce privilège, elle peut
aussi le retirer.
Dès l’arrivée au
pouvoir d’Otton IV en 1209, les deux chefs ne s’entendent pas. Le pape Innocent
III «se considère comme le vicaire non plus de saint Pierre, mais du Christ
lui-même sur terre.»[56]
Il veut donc le contrôle total, et croit réellement qu’il le mérite et qu’il y
a droit. Son ambition est de créer une République chrétienne universelle où
tous les États seront soumis au pouvoir pontifical, dont le Pape sera le chef.
Il croit aussi que le rôle du pape est de se placer au dessus des rois et
princes et de les juger; en tant que roi des rois (Rex regum), il détient le Plenitudo
Potestatis, la plénitude des pouvoirs.[57]
Évidemment, il rencontra de la résistance du côté des rois, surtout de la part
d’Otton IV, roi des Romains et empereur, qui s’opposait à son projet de
République chrétienne. «Otton, ayant voulu, comme Frédéric Ier, soumettre
l’Italie, alors qu’Innocent tentait de reconstituer les États pontificaux, il
devint l’adversaire du pape.»[58]
Innocent III était pourtant celui qui avait réussi à mettre Otton au pouvoir,
après qu’il eut perdu la première fois à Philippe de Souabe. Le pape
soutient l’élection d’Otton, car celui-ci lui a promit de l’aider à gagner en
Italie.[59] Mais
dès qu’il accéda au pouvoir, Otton le trahit et envahit l’Italie. Le pape ne
tarda pas à l’excommunier. L’alliance est terminée. Il est impossible de garder
totale confiance dans ces alliances éphémères créées seulement pour gagner. Otton
perd ensuite des batailles, puis le pouvoir, et termine sa vie loin du trône.
3. Dans Le revenant de Beaucaire
Le
revenant, jeune homme courageux vient visiter sa jeune cousine pour lui
apporter des réponses. On y raconte l’histoire d’un garçon, mort innocemment,
qui revient des morts pour parler à sa douce cousine qu’il a toujours aimé. Il
est bien spécifié que le garçon était vaillant et aimable, car c’est un
privilège qu’il reçoit de pouvoir la visiter. Dieu le récompense, car il était
un bon homme de son vivant. On voit bien par ce récit que la religion est
présente partout dans la vie personnelle des gens. Dieu est bon, et donc lui
permet d’aller visiter sa cousine pour lui donner quelques réponses aux
questions que veulent poser les autres à Dieu. Bien qu’il s’agisse d’un conte,
l’auteur répond avec les mêmes idées que les religieux utilisent pour expliquer
le monde après la mort. «Un diable cornu, noir, horrible d’aspect, crachant des
flammes et soufflant du feu»[60] le suit
partout, car il «souffre les peines du feu purgatoire».[61] La
visite de Guillaume à sa cousine tente de démontrer l’existence réelle de
l’au-delà, de l’enfer et du purgatoire. Il s’agit d’un conte folklorique, qui
raconte l’imaginaire collectif de l’époque. Comme mentionné plus haut, la peur
de la mort et des enfers guide la vie des gens du Moyen-âge, et cette histoire montre un exemple concret
de cela. Les deux jeunes sont innocents et braves, et leur histoire en est une
joyeuse tout de même, car le défunt peut visiter celle qu’il aime. L’auteur
pousse plusieurs des valeurs et croyances chrétiennes dans l’histoire ; la
virginité, le jugement dernier, la conversion des infidèles et l’adoration
encore plus intense des fidèles, le purgatoire comme lieu où on attend le
jugement et souffre pour payer ses péchés, les enfers souterrains, etc. En plus
d’être un conte folklorique, il s’agit aussi d’un manuel de propagande
chrétienne, comme la plupart des ouvrages religieux de l’époque. La lecture
donne envie de respecter l’autorité de l’Église et de suivre Dieu et les
religieux vers ce paradis. Par ce texte, le lecteur comprend que Dieu est
toujours présent dans sa vie, même lorsqu’il croit être seul, pour le protéger
autant que pour le surveiller, et vers la fin, pour le juger.
Il
est aussi évident dans le texte de Gervais de Tilbury que la religion était
très présente dans la sphère politique. Le texte est composé et dédié à
l’empereur Otton IV personnellement. Il vise son divertissement, en plus
d’instruire les autres lecteurs. Dans le texte, le revenant répond à huit
questions. On lui demande qu’est-ce que Dieu pense du massacre des
Albigeois, encouragé par le Pape. Le revenant répond «qu’aucun fait de cette
région n’avait jusque-là autant plus à Dieu…»[62]
L’importance de la religion, de l’accord de Dieu est perceptible dans tout le
texte. Il s’agit d’un texte écrit pour flatter l’empereur, et donc on y voit
plein de référence au fait que Dieu est en accord avec son règne.
Le texte de Gervais de Tilbury
s’inscrit parfaitement dans son époque. Il démontre les croyances par rapport à
la mort, l’importance d’une vie sans péchés, ainsi que la peur et l’adoration
de Dieu. On y comprend la place qu’a Dieu dans les foyers et dans les relations
personnelles. Il y vit dans chaque action posée, dans chaque prière dite et
dans toutes les vies des habitants de tous les villages. Cette puissance est
énorme et invisible. Elle est, sur terre, donnée à une institution qui se donne
le titre de représentante, sans que personne ne sache comment. Cette Église
tellement forte et grandiose que personne ne peut la contester. Le seul qui
tente de la contester est l’empereur, ce chef de l’autre moitié de la
puissance. Ce pouvoir bicéphale dont les deux têtes se chicanent sans relâche. Cette Église chrétienne est à son apogée au
XIIIème siècle, il est même possible de le ressentir aujourd’hui dans nos
sociétés occidentales. Nos institutions religieuses existent toujours sur les
fondations de l’Église du Moyen-Âge classique, mais quelles autres institutions
sont encore quelque peu sous cette emprise lointaine?
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[7] BANKS
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[8] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses
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[9] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses
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[10] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses
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[11] BUSQUET, Raoul,
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[13] BUSQUET, Raoul,
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[14] BUSQUET, Raoul,
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[15] BUSQUET, Raoul,
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[28] PENNINGTON, Kenneth J., Pope Innocent III, http://www.britannica.com/biography/Innocent-III-pope (consulté le 17 novembre 2015)
[29] ROQUEBERT, Michel,
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[30] ROQUEBERT, Michel, Histoire
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[31] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France,
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[33] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977
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[34] OLDENBURG, Zoé, Le Bûcher de Montségur, Gallimard, 1959, p.389 citée par LEBÉDEL,
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[35] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France,
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[36] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France,
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[37] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France,
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[38] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France,
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[39] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France,
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[40] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p. 10
[43] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p. 11
[46] ARIÈS,
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États-Unis, John Hopkins University Press, 1974, p. 32
[49] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p.10
[50] BASCHET, Jérôme, Les justices de l’au-delà : les représentations de l’Enfer en
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[51] HUIZINGA, J., L’automne du Moyen-âge, trad. par
J.BASTIEN, Payot, Paris, 1989, p.32, citée par BASCHET, Jérôme, Les justices
de l’au-delà : les représentations de l’Enfer en France et en Italie
(XIIè-XVè siècle), Paris, École française de Rome, 1993, p.2
[53] LE GOFF, Jacques, La
civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p. 329-330
[58] RICHÉ, Pierre, Grandeurs et faiblesses de l’Église au
Moyen-Âge, Paris, Éditions du Cerf, 2006, p.176
[59] BEN KHEMIS, Anne, «Otton IV de Brunswick (1174 env.-1218)
roi des Romains (1198-1218) empereur germanique (1209-1218), http://www.universalis.fr/encyclopedie/otton-iv-de-brunswick/# (consultée le 27 novembre 2015)
[60] DE TILBURY,
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[61] DE TILBURY,
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[62] DE TILBURY,
Gervais, Le livre des merveilles,
Trad. par Annie Duschesne, Paris, Les belles lettres, 1992, p.112-123