vendredi 18 décembre 2015

Le Revenant de Beaucaire - Histoire du Moyen-âge

HIS2210-10 : Introduction à l’histoire du Moyen-Âge                                             
TRAVAIL DE SESSION: Le revenant de Beaucaire
Par Gabrielle Gareau
UQÀM, Le 30 novembre 2015


Le Moyen-âge semble être le temps où l’humanité s’est plongée dans la noirceur. Cette époque surtout connue pour la perte des grandes et riches institutions politiques de l’Antiquité et pour le retour à la terre. Il s’agit certainement d’années incomprises et mystérieuses pour les contemporains. Mais, comme le dit Jacques Chiffoleau, «C’est encore l’explosion inattendue, et peut-être sans lendemain, de l’affectivité et de l’irrationnel qui caractérise, pour la plupart des spécialistes, les phénomènes culturels de cette sombre époque.»[1] En effet, les manières de pensée et les valeurs véhiculées semblent si éloignées de notre quotidien, encore plus que celles de l’Antiquité. L’analyse d’un document datant de l’époque permet une intrusion dans cette manière de penser, dans cette vision de la vie, et dans ce cas-ci, de la mort.
«À travers la mort, il s’agit d’esquisser une histoire sociale de la religion.»[2] Nous étudierons cette époque unique à travers un sujet qui lui est bien familier, la vie après la mort. Il s’agissait d’un questionnement quotidien pour les gens de l’époque, car «avec la mort, c’est aussi la nature du champ religieux qui est en cause, c’est-à-dire le système d’interprétation du monde que les hommes se donnent et l’ensemble des actions symboliques par lesquelles ils espèrent modifier l’ordre des choses.»[3]
Dans Le revenant de Beaucaire, nous pourrons voir les différents questionnements qu’avaient les gens face à ce terrain inconnu; comment l’Église utilisait ce mystère et cette inquiétude pour son profit. Une analyse sociologique et historique de la mort permet des réflexions sur la famille, la propriété, la reproduction, le lègue, la religion, ainsi que les valeurs morales. On retrouve une explication similaire dans La comptabilité de l’au-delà :
«La mort pouvait être, dans un premier temps un lieu d’observation idéal non seulement pour mesure l’impact de l’encadrement clérical sur les structures mentales, les pratiques et les croyance, mais aussi pour mieux circonscrire le rôle de l’appareil ecclésial dans les transformations sociales. La mort en effet est au centre de la vie. La disparition d’un individu met radicalement en cause l’ordre familial, social et politique. C’est donc autour de cette rupture fondamentale que peuvent se lire le plus facilement les processus de reproduction qui permettent au corps social de continuer à se développer.» [4]

            Ainsi, avec ce récit folklorique datant du XIIIème siècle, nous pouvons analyser plusieurs aspects de la vie de l’époque. D’abord, la relation qu’ont les gens avec la mort. Puis, la relation qu’ils ont avec la religion, car ces deux thèmes sont étroitement liés, surtout à cette époque. Nous essayerons de démonter, avec ce texte, comment l’Église s’intègre dans deux sphères principales de la société; soit la vie et les croyances personnelles des gens et la vie politique.
Le revenant de Beaucaire fût écrit par Gervais de Tilbury. De l’auteur, on ne connaît que peu de choses. La plupart des informations concernant sa vie sont des parcelles recueillies à travers les lignes de ses propres ouvrages.[5] Il serait né autour de 1150, à Tilbury, dans la province de l’Essex et aurait grandi dans une famille noble proche de la famille royale d’Angleterre.[6] Grâce à ses écrits sur certains évènements, il est possible de juger de son âge à ces époques, et de faire un tracé général de sa vie, même si plusieurs années manquent toujours. Il a étudié la loi canonique à Bologne, où il est devenu magistère et a enseigné.[7] Il était un très bon ami du jeune Henri III, et lui a même écrit un livre; Liber Facetiarum.[8] Grand voyageur, il passera sa vie entre l’Angleterre, l’Italie et la France. Après avoir passé quelques années à la cour de Guillaume II le Bon, comme juriste, il quitte pour Arles, en Provence, ou il sera juge de l’archevêque.[9] Puis, en 1209, «l’avènement à l’Empire d’Otton IV de Brunswick […] lui procure un éminent protecteur. [Celui-ci] l’investit de la charge de maréchal de l’Empire pour le royaume d’Arles – charge toute honorifique […] »[10] Il compose l’Otia Imperialia quelques années avant sa mort, ouvrage entièrement dédié à l’empereur.
La datation de l’œuvre est un mystère pour tous les spécialistes qui s’y attardent. Certains ont dit 1211, mais après une analyse plus détaillée des mots de Gervais de Tilbury, on a attribué l’ouvrage à une date postérieure. D’après Raoul Busquet, historien français, «ce serait donc à la fin de 1213 ou dans les quatre premiers mois de 1214 que Gervais aurait mis la dernière main à son livre.»[11] Même si l’oeuvre est dédié par l’auteur à Otton IV de Brunswick, tous s’entendent pour dire qu’il était originalement pour le prince Henri III. Les différentes parties du livre ont donc des dates d’écriture très différentes. Lorsque le prince Henri meurt subitement, Gervais arrête l’écriture. Il complètera l’ouvrage des années plus tard, pour l’empereur Otton.[12]
 Cet immense ouvrage est un recueil de toutes sortes d’histoire, ayant pour but clair d’amuser son public. Tout en divertissant, les histoires sont aussi grandement éducatives. Il s’agit en fait d’un récit folklorique, riche en informations sur le Moyen-âge. On y trouve de tout : «cosmogonie, cosmographie, physique générale, géographie et histoire.»[13] La troisième partie, où on trouve l’extrait dont il est question dans ce texte, est un «recueil de faits merveilleux, - les Mirabilia»[14]
            Le texte fait partie d’un recueil de centaines de courtes histoires. Il fût écrit en latin. Il s’agit d’un récit ayant «un double but : instruire et amuser.»[15] Par des récits véridiques et parfois inspirés, l’auteur tente d’éduquer le lecteur sur ce qui l’entoure. Gervais de Tilbury avait une magnifique capacité à saisir son époque, et permet autant au lecteur actuel que de l’époque de s’instruire et d’être intéressé à l’histoire. Rempli de faits historiques et d’anecdotes, sa visée principale était tout de même de flatter, sans aucune subtilité, l’empereur, mais aussi d’instruire les autres qui avaient la chance de le lire. 
            Le récit prend place en 1211, durant la treizième année du pontificat d’Innocent III et durant la deuxième année du règne d’Otton IV comme empereur germanique. C’est l’année où a lieu le siège de Toulouse, où Raymond VI inflige une défaire aux Croisés. La ville de Beaucaire fait partie du diocèse d’Arles[16], qui fut particulièrement touchée par la croisade des Albigeois. Lorsque la croisade commence en 1209, plusieurs villes seront siégées, les églises seront détruites et les résistants, punis. L’auteur fait référence aux Dialogues de Saint Grégoire le Grand, pape au VIème siècle et un des Pères de L’Église d’Occident. L’auteur utilise aussi le terme Géhenne, qui signifie l’Enfer.
L’origine des Cathares remonte à un pape Bulgare du Xème siècle, qui donne naissance à cette pensée dualiste où les adeptes seront nommés Bogomiles. Ces idées seront répandues et rendues populaires au tour de la Mer Noire et en Macédoine. Elles seront ensuite répandues vers l’ouest. Puis, c’est le sud de la France et de l’Italie, sur le côté nord-ouest de la Méditerranée, qui deviendra le point central des hérésies. On trouve plusieurs origines à l’appellation cathare. Le mot serait dérivé du mot allemand pour chat : Katte. «Au Moyen-âge, on aurait donc qualifié de cathares (hérétiques) ceux qui avaient pour habitude d’embrasser le derrière d’un chat pour honorer Satan.»[17]  En effet, Satan est bien au centre de la pensée cathare. Les Hérétiques, qui sont la grande famille dont font partie les cathares, sont «considérés comme tels au nom d’une religion qui pose comme principe que toute déviation par rapport à ses principes fondamentaux risque de mettre en cause son unité.»[18]
Le Catharisme est «une doctrine dualiste [qui] est prêchée au milieu du Xème siècle dans une partie des Balkans; ses adeptes, qui se présentent comme meilleurs chrétiens que les orthodoxes, ne se contentent pas d’attribuer au diable la création du monde matériel et des corps : ils tournent en dérision la vénération de la croix et des reliques, comme le culte des icônes; donnant une interprétation purement allégorique de la dernière Cène, selon laquelle, par «mon corps et mon sang», le Christ désignait son propre message»[19] Cette doctrine oppose deux mondes. Un premier, divin et créé par Dieu, serait parfait et immortel. Il y existe toutes les créatures invisibles. L’autre monde, celui où nous vivons, est mauvais. Il est créé par le diable, figure bien importante pour les Cathares. Dans ce monde existe toutes les créatures sensibles, qui ressentent la souffrance et le mal, ainsi que toutes les émotions négatives. Les corps et âmes vivants dans ce monde sont fait de chair bien visible, maison du Diable.[20] Les cathares, et les hérétiques en général, étaient considérés comme plus dangereux encore que les autres religions, car ils menaçaient la légitimité de la chrétienté, et l’essence de Dieu et de Jésus lui-même. À l’intérieur de la grande famille chrétienne, ils mettaient en danger l’unité, la force et l’homogénéité de cette grande famille.[21] On donne aux Cathares du Languedoc le nom d’Albigeois, car ils proviennent de la région d’Albi. Les enseignants de cette fois se nomment les Parfaits et Parfaites ou Bonshommes et Bonnesfemmes, car cette foi permet aux femmes de jouer un rôle important dans la pratique religieuse.[22] Cette région était supposée être un centre important pour les mouvements cathares et a subi plus que les autres les attaques d’Innocent III.[23] C’est dans la France du Midi et le nord de l’Italie que le catharisme se développera et en viendra à être une menace pour l’Église catholique de Rome et de Constantinople.
Le XIIIème siècle a reçu le nom de «siècle des Croisades». L’idée de partir en croisade devient très populaire et toute la société s’y implique. Encouragée par toute l’Église, toute une équipe militaire quitte conquérir l’Orient pour amener le cadeau de la foi chrétienne aux peuples d’ailleurs. En plus d’être une expérience gratifiante pour les chevaliers et le roi, c’est une excellente manière de montrer qui détient le pouvoir en Occident, et de prendre les trésors trouvés sur la route.[24] Les Croisades stimulent l’économie par la fabrication d’armes, en plus renforcissent le pouvoir en place. Bref, tout le peuple s’en réjouit. La «croisade» des Albigeois par contre, ne sera pas comme les précédentes. Celle-ci ne vise des étrangers d’une autre religion; elle veut ruiner les habitants même du royaume. Elle sera menée par l’Église chrétienne et surtout, le pape Innocent III.
Le pape Innocent III, de son vrai nom Lotario Conti, est né en 1160[25]. Dès son plus jeune âge, il est reconnu comme travaillant, essayant toujours de faire valoir ses opinions. Il a étudié dans les meilleures écoles, en théologie et en droit canonique. Il accède au pontificat en 1198, la journée même de la mort de son prédécesseur Célestine II.[26] Homme très intelligent, Innocent III affrontera tous les problèmes auxquels fait face l’Église avec rigueur et courage. Il a toujours voulu un grande République chrétienne et y travaillera toute sa vie, par tous les moyens.[27] Connaissant bien la loi, il s’est attribué plusieurs pouvoirs et a profiter des instabilités dans les royaumes autour pour prendre le titre de gérant suprême des États. Lors d’un conflit entre le roi de France et le roi d’Angleterre, Le roi John d’Angleterre demandera justice au pape. Celui-ci n’interviendra pas mais, par une lettre, se donnera les pouvoirs de le faire dans tous conflits futurs.[28] Dès ses premiers mois comme pape, il planifie comme gérer l’hérésie. Suivant la lignée des papes avant lui, mais se montrant plus actif encore, il utilise déjà des moyens radicaux pour atteindre ses buts, soit : «chasser les hérétiques, et sévir contre ceux qui les protègent ou entretiennent des relations avec eux, autrement dit leurs complices.»[29] Innocent III voulait une union de toute la chrétienté, où le pouvoir politique se situait sous le chef de cette république religieuse. Il réussit très bien, car il jouait au juge dans les conflits politiques et territoriaux. Il réussit à convaincre plusieurs rois et chefs de l’accompagner dans la bataille contre l’hérésie, même si ceux-ci n’avaient aucun cathare directement sur leur territoire, et qu’ils n’avaient pas à s’impliquer dans une telle affaire.[30] Bref, il «occupera la chaire du Saint-Pierre jusqu’en 1216 de manière très active et réfléchie, et ne cessera d’intervenir dans les affaires temporelles en tant que représentant intransigeant des thèses théocratiques qu’il incarne avec détermination.»[31] C’est ainsi qu’il commence la grande croisade de 1209, contre l’hérésie en général, et plus particulièrement pour chasser les Cathares.
Otton IV de Brunswick, fils d’Henri le Lion, ou Henri XII de Bavière et de Saxe, était le prince de la famille des Welf. Il tente d’accéder une première fois au pouvoir en 1197 quand Henri IV meurt, mais ce sera plutôt Philippe de Souabe qui sera élu empereur. Il réussit cependant à être élu roi des Romains par le parti guelfe et à se faire un puissant allié en promettant de le soutenir dans ses manœuvres; le pape Innocent III.[32] Il a du attendre l’assassinat de Philippe pour accéder au pouvoir. Il épouse la fille de celle-ci, ce qui rend son ascension au pouvoir encore plus évidente. Couronné en 1209 à Rome, il ne sera empereur germanique que pendant dix ans. Il se fît excommunié par le pape, car ne tenant pas ses promesses, il tenta de conquérir l’Italie, qui était le territoire du pape. Le pape tentera de le remplacer par Frédéric II, et réussira après la défaite d’Otton IV à Bouvines.[33]
Même avant Innocent III, la chasse aux hérétiques était déjà bien entamée. En 1179, au troisième concile de Latran, on annonce que :

«Comme (…) la folie des hérétiques s’est accrue de telle sorte qu’ils n’exercent plus seulement en secret leur malignité, mais la proclament ouvertement et pervertissent les gens simples et faibles, nous prononçons l’anathème contre eux et contre tous ceux qui adhèreront à leurs principes et les défendront; nous défendons, sous peine d’anathème, de les loger, de faire commerce avec eux… Quiconque s’associera à ces hérétiques sera exclu de la communion et tous sont déliés des devoirs et de l’obéissance contractés envers lui… Tous les fidèles doivent s’opposer énergiquement à cette peste, et même prendre les armes contre eux. (…)»[34]   

Déjà au XIIème siècle, l’Église voit les cathares comme une peste gagnant du terrain et beaucoup d’adaptes, et veulent agir rapidement. En 1119, au deuxième concile de Toulouse, on «condamna une hérésie déjà répandue dans la région».[35]  C’est l’assassinat d’un légat du pape, en 1208, qui semble être l’élément déclencheur d’une réponse plus violente contre les hérétiques.[36] En 1209 commence donc la première croisade des Albigeois. Au nom du pape, et avec son soutien total, Arnaud-Amaury, l’abbé de Cîteaux obtient la permission, et l’ordre, de défaire complètement le soutien aux hérétiques dans les régions les plus affectées. Ceux qui participent à cette mission se voient accordés les mêmes avantages que les Croisés qui participent à la conquête de la Terre Sainte (Croisade dans l’Orient.)[37] Cette croisade différait des précédentes, car elle n’avait pas pour ennemi les infidèles, mais bien d’autres chrétiens. Il s’agissait de s’en prendre «aux cadres locaux laïques ou religieux, en les destituant et en les remplaçant par des catholiques fidèles à la papauté.»[38] La première croisade continuera jusqu’en 1224, et une seconde aura lieu de 1226 à 1229. C’est à l’année 1243 qu’on attribue la fin de la bataille contre les Cathares; lorsque 210 personnes sont brulées vivantes au bucher de Montségur.[39]
1. La religion dans le quotidien des vivants
Le Moyen-âge a su changer les limites de la vie humaine. L’Église a créé une nouvelle sphère de temps, celle du troisième lieu, changeant la religion chrétienne à jamais. L’invention de ce nouvel espace change complètement le rôle de la religion dans la vie et dans les pensées des croyants. Comme Jacques Le Goff l’explique si bien dans La naissance du purgatoire : «L’au-delà est un des grands horizons des religions et des sociétés. La vie du croyant change quand il pense que tout n’est pas joué à la mort.»[40] La religion chrétienne est maintenant basée sur cette dualité des mondes après la mort et nous allons voir comment ce nouvel espace dans la Chrétienté a su donner son immense pouvoir à l’Église chrétienne. 
1.1  La dualité des mondes après la mort
            Dans le monde de l’Antiquité, un concept d’enfer existait déjà dans la plupart des religions. Chez les Assyro-Babyloniens, la mort n’est que souffrance. Les défunts languissent dans ce monde éternel. Les âmes souffrent, ne vivent aucun des plaisirs sensoriels terrestres. La vie après la mort n’est que lamentation éternelle.[41] Chez les Égyptiens, le concept de vie après la mort est évident, ce qui explique les trésors et parures dans les sarcophages. Autant les pharaons que les simples paysans voulaient s’assurer un passage à une autre vie avec toutes leurs plus belles possessions. On retrouve aussi sur plusieurs œuvres La pesée de l’âme[42], avec Anubis, dieu des morts et de l’embaumement. Après la mort, on pèse l’âme du défunt; si elle est plus lourde qu’une plume, la dévorante avale l’âme tout de suite. Pour les civilisations antiques, les Égyptiens, les Babyloniens, les Juifs, les Barbares du nord, les Grecs et les Romains, la terre était la place des Hommes, et les cieux et le souterrain appartenaient aux Dieux. Ceux-ci les entouraient et il fallait leur laisser la place qu’ils se méritaient. Plusieurs mythes racontent l’arrogance des Hommes qui ont essayé de trop s’approcher des Dieux. «Les Anciens […] avaient davantage redouté les profondeurs de la terre qu’ils n’avaient aspiré aux infinis célestes, souvent habités d’ailleurs par des dieux de colère.»[43] Dans le Christianisme qui évolue toujours, ces deux mondes sont opposés plus que jamais ; bon et mauvais, blanc et noir, beau et laid, agréable et souffrant, la vie et la mort, l’immortel et le mortel, etc. Contrairement aux civilisations anciennes polythéistes où la religion est un spectre et que les Dieux nous entourent, le Christianisme pousse une idée de dualité simple et tranchante. Rien n’est ambigu ; le verdict après la mort sera sans retour.


1.2 Le Purgatoire
La naissance du mot purgatoire a été bien étudiée par Jacques Le Goff. Il suggère que le concept serait né «au moment de l’épanouissement de l’Occident médiéval dans la seconde moitié du XIIème siècle».[44] Cet auteur fait un lien direct avec l’époque à laquelle est née le purgatoire : « Le Purgatoire est un élément de cette expansion dans l’imaginaire social, dans la géographie de l’au-delà, dans la certitude religieuse. Une pièce du système. C’est une conquête du XIIème siècle.»[45] En effet, le Purgatoire est un produit de son époque. Il a réussi à se populariser grâce à une Église ayant complète confiance en ses capacités et sa force. Il réussi aussi à s’implanter à une époque où la connaissance du monde s’agrandit, où les gens croient à une expansion générale de leurs environs et une complexification de leurs systèmes sociaux et politiques. Il réussit aussi à transformer l’idée d’un Jugement pour l’humanité à la fin des temps. Le temps a toujours fasciné les humains. L’idée de la fin des temps fascine, tout en inspirant la peur de l’inconnu. Cette peur de l’inconnu du destin de l’humanité a été transformée en une peur individuelle de chacun pour sa vie et pour ce jugement qui vient après la mort.[46] Une crainte individuelle est toujours plus effrayante qu’une peur générale pour l’humanité.
Alors qu’il y a autant de versions de purgatoires que de personnes le décrivant, plusieurs concepts, idées et images reviennent. Les textes de l’époque sont fiables pour leur contenu, au sens qu’ils nous indiquent réellement les croyances de l’époque. Cependant, on ne peut se fier aux noms d’auteur figurant sur les textes, car les clercs changeaient les noms pour des auteurs célèbres pour populariser les ouvrages. Les écrivains et scribes du Moyen-âge faisaient peu attention à l’authenticité des documents et y apportaient des modifications à leurs goûts, «car ce qui inspire les hommes du Moyen Âge c’est la quête de la vérité éternelle, non de la vérité historique».[47]
Le purgatoire est normalement représenté par le feu. Lorsque l’on meurt, les parfaits, c’est-à-dire les saints, les martyrs, etc., vont au paradis directement. Les damnés vont directement en enfer, où ils erreront éternellement pour payer les péchés qu’ils ont accumulés de leur vivant. Pour tous les autres, la majorité, c’est le purgatoire qui attend. Cet espace où l’on reste pour payer ses péchés et espérer pouvoir passer au ciel une fois la punition accomplie.
1.3. La peur de l’enfer
            Comme nous l’avons dit plus tôt, la naissance du concept de Purgatoire est grandement due à son époque. Il s’agit d’un moment dans l’histoire médiévale où l’Église chrétienne est en pleine croissance et son pouvoir est incontesté. Le régime féodal, fondé sur la peur, est un allié parfait pour une autorité religieuse forte que personne ne conteste. Une peur généralisée règne; entre maîtres et serviteurs, seigneurs et paysans, roi et seigneurs. On voit bien alors la pyramide sociale créée : «Dieu est un seigneur, et même le seigneur par excellence. C’est Dominus Deus, le seigneur dieu.»[48] Il y a aussi une peur de la famine et de la maladie, ainsi que la peur toujours présente de la guerre ou des invasions. La peur fait partie intrinsèquement du système en place. La peur de l’inconnu, de ce qui vient après existe aussi chez tous les êtres humains. L’Église prit le contrôle de cette peur, la fit sienne à gérer. Elle se donna la responsabilité de faire le pont entre la vie sur terre et le jugement certain qui vient après. C’est donc ce rôle, qui parvient même à un partage du pouvoir sur l’au-delà entre elle et Dieu, [qui] prouve que l’enjeu était important. Pourquoi ne pas laisser errer ou dormir les morts?»[49]
1.4. Le pouvoir de l’Église
            Ce pouvoir que l’Église se donne, elle le maintient par la peur et l’ignorance des gens qu’elle gouverne. Toutes les relations interpersonnelles du Moyen-âge sont basées sur le dominant et le dominé. À partir du pouvoir politique, jusque dans la famille, il y a le maître et le serviteur. L’Église se donne le rôle de gérer ses relations, dans la vie religieuse des gens, jusque dans leurs foyers. Comme nous avons vu plus haut, cette force vient de la peur des gens. Il est impossible de savoir ce qui arrive réellement après la mort; voici d’où vient cette peur. L’Église chrétienne peut donc jouer le rôle protecteur contre la mort, et elle sait bien jouer son rôle. C’est avec des textes que les religieux peuvent animer l’imaginaire des gens : «L’enfer est impensable, indicible, infigurable : il excède toute possibilité de pensée, le langage, de représentation. Mais cela ne signifie pas qu’on ne puisse rien en dire : les textes parlent de l’enfer, tout en disant son caractère indicible.»[50] L’Église se rend maître de ce futur, se place entre celui-ci, qu’elle prétend connaître mieux que les autres, et les mortels. Plus les gens ont peur, plus ils font confiance à l’Église pour les sauver, et plus celle-ci grossit et s’affirme comme toit solide contre tous les malheurs que la vie et que Dieu peut faire tomber : «Les guerres continuelles, les troubles incessants […], la menace constante d’une justice dure et sujette à caution et, de plus, l’angoissante crainte de l’enfer, du diable et des sorcières, provoquaient une inquiétude générale  qui faisait à la vie un sombre arrière-fond.»[51] C’est donc quotidiennement que l’Église intervient dans la vie des gens, car si Dieu les observe toujours, c’est l’Église qui leur le rappelle.
2. Pouvoir politique et empire  
2.1 Structure pyramidale
Nous l’avons dit plus tôt, une hiérarchie structure la vie, dans toutes les sphères de la société. Le roi et le pape figurent au sommet de cette pyramide, chacun voulant être au-dessus de l’autre. Puis, il y a les figures de l’Église; les archevêques, les clercs, les prêtres, etc. Même chose du côté du pouvoir politique; chaque étage détient son rôle et responsabilités. Chacun se réfère à son supérieur, jusque dans les familles. L’Église et l’État se battent pour le pouvoir depuis le début du Moyen-âge, chacun pensant qu’il domine l’autre. Est-ce l’Église qui confère la légitimité à l’État ou est-ce le contraire?
2.2. Pouvoir bicéphale[52]
Aucun système politique n’a vu une présence de l’Église aussi accrue que l’Occident du Moyen-Âge. En effet, l’histoire de ces quelques siècles se composent des conflits et ententes entre ces deux chefs: «Les rapports entre les deux têtes de la Chrétienté manifestent la rivalité au sommet des deux ordres dominants mais concurrents de la hiérarchie cléricale et de la hiérarchie laïque.»[53] Ce conflit oppose deux pouvoirs différents mais tout de mêmes égaux; le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, le prêtre et le guerrier.[54] L’un représente le divin, l’éternel, l’avant et l’après de la vie humaine et cette relation intime qu’ont les gens avec la religion. L’autre représente la protection, la sécurité, la loi, la terre et l’économie. Le pouvoir du présent, du quotidien, contre celui de l’intemporalité et de l’âme. On peut ainsi comprendre pourquoi ils ne s’entendaient pas et pourquoi on ne peut choisir qui est le plus important.
Plusieurs rois et empereurs tenteront de se faire attribuer une importance religieuse. Le sacrement en est un excellent exemple. Les rois tenteront, par la cérémonie du sacrement, de montrer qu’ils détiennent la bénédiction de l’Église et de son chef. Une arrivée au pouvoir encouragée par l’Église démontre la puissance du nouveau roi. Plusieurs rois le feront au début du Moyen-Âge; Clovis 1er et Charlemagne seront dans les premiers à créer une forte alliance et ramener le pouvoir de l’Église dans leurs mains. À plusieurs reprises à travers les siècles du Moyen-Âge, les deux pouvoirs feront des alliances et des échanges. «L’Église sacralise le pouvoir royal. Aussi faut-il que tous les sujets se soumettent fidèlement et avec une obéissance aveugle à ce pouvoir puisque celui qui résiste à ce pouvoir résiste à l’ordre voulu par Dieu.»[55] Lorsque le roi est sacré, son pouvoir est intouchable, car non seulement est-il dans son sang, mais Dieu l’encourage aussi. Parfois, l’Église décide qui sera Roi, place un fidèle à sa tête. Parfois, c’est le roi qui mettra un pape au pouvoir. Évidemment, si le roi oublie que c’est l’Église qui lui a donné ce privilège, elle peut aussi le retirer.
Dès l’arrivée au pouvoir d’Otton IV en 1209, les deux chefs ne s’entendent pas. Le pape Innocent III «se considère comme le vicaire non plus de saint Pierre, mais du Christ lui-même sur terre.»[56] Il veut donc le contrôle total, et croit réellement qu’il le mérite et qu’il y a droit. Son ambition est de créer une République chrétienne universelle où tous les États seront soumis au pouvoir pontifical, dont le Pape sera le chef. Il croit aussi que le rôle du pape est de se placer au dessus des rois et princes et de les juger; en tant que roi des rois (Rex regum), il détient le Plenitudo Potestatis, la plénitude des pouvoirs.[57] Évidemment, il rencontra de la résistance du côté des rois, surtout de la part d’Otton IV, roi des Romains et empereur, qui s’opposait à son projet de République chrétienne. «Otton, ayant voulu, comme Frédéric Ier, soumettre l’Italie, alors qu’Innocent tentait de reconstituer les États pontificaux, il devint l’adversaire du pape.»[58] Innocent III était pourtant celui qui avait réussi à mettre Otton au pouvoir, après qu’il eut perdu la première fois à Philippe de Souabe. Le pape soutient l’élection d’Otton, car celui-ci lui a promit de l’aider à gagner en Italie.[59] Mais dès qu’il accéda au pouvoir, Otton le trahit et envahit l’Italie. Le pape ne tarda pas à l’excommunier. L’alliance est terminée. Il est impossible de garder totale confiance dans ces alliances éphémères créées seulement pour gagner. Otton perd ensuite des batailles, puis le pouvoir, et termine sa vie loin du trône.
3. Dans Le revenant de Beaucaire
            Le revenant, jeune homme courageux vient visiter sa jeune cousine pour lui apporter des réponses. On y raconte l’histoire d’un garçon, mort innocemment, qui revient des morts pour parler à sa douce cousine qu’il a toujours aimé. Il est bien spécifié que le garçon était vaillant et aimable, car c’est un privilège qu’il reçoit de pouvoir la visiter. Dieu le récompense, car il était un bon homme de son vivant. On voit bien par ce récit que la religion est présente partout dans la vie personnelle des gens. Dieu est bon, et donc lui permet d’aller visiter sa cousine pour lui donner quelques réponses aux questions que veulent poser les autres à Dieu. Bien qu’il s’agisse d’un conte, l’auteur répond avec les mêmes idées que les religieux utilisent pour expliquer le monde après la mort. «Un diable cornu, noir, horrible d’aspect, crachant des flammes et soufflant du feu»[60] le suit partout, car il «souffre les peines du feu purgatoire».[61] La visite de Guillaume à sa cousine tente de démontrer l’existence réelle de l’au-delà, de l’enfer et du purgatoire. Il s’agit d’un conte folklorique, qui raconte l’imaginaire collectif de l’époque. Comme mentionné plus haut, la peur de la mort et des enfers guide la vie des gens du Moyen-âge,  et cette histoire montre un exemple concret de cela. Les deux jeunes sont innocents et braves, et leur histoire en est une joyeuse tout de même, car le défunt peut visiter celle qu’il aime. L’auteur pousse plusieurs des valeurs et croyances chrétiennes dans l’histoire ; la virginité, le jugement dernier, la conversion des infidèles et l’adoration encore plus intense des fidèles, le purgatoire comme lieu où on attend le jugement et souffre pour payer ses péchés, les enfers souterrains, etc. En plus d’être un conte folklorique, il s’agit aussi d’un manuel de propagande chrétienne, comme la plupart des ouvrages religieux de l’époque. La lecture donne envie de respecter l’autorité de l’Église et de suivre Dieu et les religieux vers ce paradis. Par ce texte, le lecteur comprend que Dieu est toujours présent dans sa vie, même lorsqu’il croit être seul, pour le protéger autant que pour le surveiller, et vers la fin, pour le juger.
            Il est aussi évident dans le texte de Gervais de Tilbury que la religion était très présente dans la sphère politique. Le texte est composé et dédié à l’empereur Otton IV personnellement. Il vise son divertissement, en plus d’instruire les autres lecteurs. Dans le texte, le revenant répond à huit questions. On lui demande qu’est-ce que Dieu pense du massacre des Albigeois, encouragé par le Pape. Le revenant répond «qu’aucun fait de cette région n’avait jusque-là autant plus à Dieu…»[62] L’importance de la religion, de l’accord de Dieu est perceptible dans tout le texte. Il s’agit d’un texte écrit pour flatter l’empereur, et donc on y voit plein de référence au fait que Dieu est en accord avec son règne.
Le texte de Gervais de Tilbury s’inscrit parfaitement dans son époque. Il démontre les croyances par rapport à la mort, l’importance d’une vie sans péchés, ainsi que la peur et l’adoration de Dieu. On y comprend la place qu’a Dieu dans les foyers et dans les relations personnelles. Il y vit dans chaque action posée, dans chaque prière dite et dans toutes les vies des habitants de tous les villages. Cette puissance est énorme et invisible. Elle est, sur terre, donnée à une institution qui se donne le titre de représentante, sans que personne ne sache comment. Cette Église tellement forte et grandiose que personne ne peut la contester. Le seul qui tente de la contester est l’empereur, ce chef de l’autre moitié de la puissance. Ce pouvoir bicéphale dont les deux têtes se chicanent sans relâche.  Cette Église chrétienne est à son apogée au XIIIème siècle, il est même possible de le ressentir aujourd’hui dans nos sociétés occidentales. Nos institutions religieuses existent toujours sur les fondations de l’Église du Moyen-Âge classique, mais quelles autres institutions sont encore quelque peu sous cette emprise lointaine?


BIBLIOGRAPHIE

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2. Sources de périodiques

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[1] CHIFFOLEAU, Jacques, La comptabilité dans l’au-delà, Rome, Albin Michel, 1980, p.10
[2] CHIFFOLEAU, Jacques, La comptabilité dans l’au-delà, Rome, Albin Michel, 1980, p.13
[3] BOURDIEU, Pierre, «Genèse et structure du champ religieux», Revue française de sociologie, 1971, XII, p.295-330 et AUGÉ, Marc, «Dieux et rituels ou rituels sans dieux», J Middleton, Anthropologie religieuse, textes fondamentaux, Paris, Larousse, 1974, p.9-36. Cité par CHIFFOLEAU, Jacques, La comptabilité dans l’au-delà, Rome, Albin Michel, 1980, p.12
[4] CHIFFOLEAU, Jacques, La comptabilité dans l’au-delà, Rome, Albin Michel, 1980, p.12-13
[5] BANKS S. E. et J. W. BINNS, Gervaise of Tilbury, Otia Imperialia, trad. de S. E. Banks et de J. W. Binns, États-Unis, Clarendon Press Oxford, 2002, p. xxv (introduction)
[6] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.2
[7] BANKS S. E. et J. W. BINNS, Gervaise of Tilbury, Otia Imperialia, trad. de S. E. Banks et de J. W. Binns, États-Unis, Clarendon Press Oxford, 2002, p. xxvi (introduction)
[8] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.2
[9] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.3
[10] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.3
[11] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.7
[12] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.4
[13] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.4
[14] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.3
[15] BUSQUET, Raoul, «Gervais de Tilbury inconnu», Revue historique, France, Presses universitaires de France, 1941, p.3
[16] Voir Annexe I en page
[17] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.8
[18] Idem, p.17
[19] ROQUEBERT, Michel, Histoire des cathares : Hérésie, Croisade, Inquisition du XIe au XIVe siècle, Paris, Perrin, 1999, 538p. p.41
[20] PAYS CATHARE, Histoire du Catharisme, http://www.payscathare.org/histoire-catharisme (consulté le 24 novembre 2015)
[21] ROQUEBERT, Michel, Histoire des cathares : Hérésie, Croisade, Inquisition du XIe au XIVe siècle, Paris, Perrin, 1999, 538p. p.43
[22] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.9
[24] ROQUEBERT, Michel, Histoire des cathares : Hérésie, Croisade, Inquisition du XIe au XIVe siècle, Paris, Perrin, 1999, 538p. p.16
[25] Voir Annexe I en page
[26] PENNINGTON, Kenneth J., Pope Innocent III, http://www.britannica.com/biography/Innocent-III-pope (consulté le 17 novembre 2015)
[27] ROQUEBERT, Michel, Histoire des cathares : Hérésie, Croisade, Inquisition du XIe au XIVe siècle, Paris, Perrin, 1999, 538p. p.97
[28] PENNINGTON, Kenneth J., Pope Innocent III, http://www.britannica.com/biography/Innocent-III-pope (consulté le 17 novembre 2015)
[29] ROQUEBERT, Michel, Histoire des cathares : Hérésie, Croisade, Inquisition du XIe au XIVe siècle, Paris, Perrin, 1999, p.98
[30] ROQUEBERT, Michel, Histoire des cathares : Hérésie, Croisade, Inquisition du XIe au XIVe siècle, Paris, Perrin, 1999, p.99
[31] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.20
[32] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p.603
[33] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p.603-604
[34] OLDENBURG, Zoé, Le Bûcher de Montségur, Gallimard, 1959, p.389 citée par LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.18
[35] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.47
[36] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.47
[37] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.21
[38] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.23
[39] LEBÉDEL, Claude. Comprendre la tragédie des cathares, France, Éditions Ouest-France, 2007, p.47
[40] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p. 10
[41] Notes de cours 2100, Civilisation Assyro-Babylonienne par Gaétan Thériault, automne 2015
[42] Voir ANNEXE II en page
[43] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p. 11

[44] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p. 9
[45] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p. 179
[46] ARIÈS, Philippe, Western attitudes toward death from the middle ages to the present,  États-Unis, John Hopkins University Press, 1974, p. 32
[47] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p.184
[48] LE GOFF, Jacques, Le Dieu du Moyen-Âge, Paris, Bayard, 2003, p.55
[49] LE GOFF, Jacques, La naissance du purgatoire, France, Gallimard, 1981, p.10
[50] BASCHET, Jérôme, Les justices de l’au-delà : les représentations de l’Enfer en France et en Italie (XIIè-XVè siècle), Paris, École française de Rome, 1993, p.135
[51] HUIZINGA, J., L’automne du Moyen-âge, trad. par J.BASTIEN, Payot, Paris, 1989, p.32, citée par BASCHET, Jérôme, Les justices de l’au-delà : les représentations de l’Enfer en France et en Italie (XIIè-XVè siècle), Paris, École française de Rome, 1993, p.2
[52] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p.329
[53] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p. 329-330
[54] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p. 333
[55] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p. 337
[56] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p. 603
[57] LE GOFF, Jacques, La civilisation de l’Occident médiéval, Arthaud, Paris, 1977 (1964), p. 603
[58] RICHÉ, Pierre, Grandeurs et faiblesses de l’Église au Moyen-Âge, Paris, Éditions du Cerf, 2006, p.176
[59] BEN KHEMIS, Anne, «Otton IV de Brunswick (1174 env.-1218) roi des Romains (1198-1218) empereur germanique (1209-1218), http://www.universalis.fr/encyclopedie/otton-iv-de-brunswick/# (consultée le 27 novembre 2015)

[60] DE TILBURY, Gervais, Le livre des merveilles, Trad. par Annie Duschesne, Paris, Les belles lettres, 1992, p.112-123
[61] DE TILBURY, Gervais, Le livre des merveilles, Trad. par Annie Duschesne, Paris, Les belles lettres, 1992, p.112-123
[62] DE TILBURY, Gervais, Le livre des merveilles, Trad. par Annie Duschesne, Paris, Les belles lettres, 1992, p.112-123