lundi 20 mai 2013

Analyse du "Léviathan" de Thomas Hobbes


Peut-on agir de manière rationnelle sans agir en fonction de ses intérêts individuels? 

Hobbes l'explique dans la troisième prémisse de l'argument étudié : "[…] il n'existe aucun moyen pour un homme de se mettre en sécurité aussi raisonnable que d'anticiper, c'est-à-dire de se rendre maître, par la force ou la ruse de la personne du plus grand nombre possibles d'hommes, […]"1 Il explique par cette argumentation que l'homme qui agit de manière charitable ou bienveillante envers un autre agit automatiquement de manière irrationnelle, puisque cet autre homme ne fera pas nécessairement ce même sacrifice en retour. Il ne faut donc se fier à aucun autre homme pour assurer que ses besoins soient comblés. Pouvant être utilisée comme un renforcement à la troisième, la deuxième prémisse donne une explication à celle-ci: Les ressources limitées dont les hommes se servent et leurs besoins et désirs communs les obligent à devenir ennemi dès qu'ils partagent un intérêt. Alors, il est évident que chaque homme utilisant sa raison doit toujours agir en fonction de ses intérêts individuels s'il désire devancer un autre homme ou simplement assurer sa sécurité.

Agir rationnellement en fonction de ses intérêts individuels, pour assouvir ses besoins et passions, se traduirait dans le dilemme du prisonnier par des aveux et une trahison des deux sujets. Pourtant, dans l'allégorie, on voit bien que c'est la coopération entre hommes qui permet d'obtenir la sentence la moins longue. Lorsqu'un homme comprend ce qu'est le dilemme du prisonnier, il devient alors possible de voir la rationalité dans la coopération. Agir de manière à satisfaire ses besoins individuels dans le but d'obtenir la meilleure solution pour soi-même, c'est rationnel. Mais lorsque, pour un instant, la satisfaction personnelle est mise de côté pour voir l'intérêt d'un groupe, on peut voir une solution encore plus profitable. Un homme, agissant de manière raisonnable, posera toutes ses actions dans le but de s'avantager, ou de se protéger lui-même. Donc, si la plus grande satisfaction vient d'une coopération, c'est cette action qui est la plus rationnelle. 

Prenons un exemple très représentatif de notre société actuelle. Un homme désire utiliser les transports en commun pour se déplacer quotidiennement. Comme le démontre le budget total de 1,3 milliard de dollars de la Société des Transports de Montréal en 2012 2, ces services publics coûtent très cher à financer. Cette facture est séparée entre les gouvernements, la Ville, ainsi que tous les utilisateurs (contribution de 46% envers le budget). Pour combler ce besoin individuel en ayant accès au transport, il faut payer un certain montant par mois. En payant uniquement pour son utilisation personnelle au système de transport, l'Homme agit de manière à satisfaire ses propres intérêts. Un partage des coûts, et des frais égaux pour tous les utilisateurs serait donc considéré comme une action qui va à l'encontre des intérêts individuels de chacun. Pourtant, en agissant de telle manière pour la collectivité, les revenus sont plus stables, le service donc meilleur et, à la longue, moins dispendieux à entretenir. Si payer plus mensuellement s'oppose aux intérêts personnels immédiats, c'est en fait plus rentable pour le bien-être et la sécurité à long terme de la collectivité que d'abandonner une partie de son confort personnel. 

1. HOBBES, Thomas. Leviathan
2. RADIO-CANADA. La CAM encore plus cher en 2013. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2012/10/26/011-cam-hausse-part-usager.shtml


mars 2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire