mardi 20 novembre 2012

Les caractéristiques du mythe selon Mircea Eliade


Il est primordial, dans un cours de philosophie, de présenter le contexte d’émergence historique de la discipline. Pour les habitants des sociétés archaïques, la pensée mythico-religieuse était l’unique façon de comprendre le monde. Mircea Eliade, auteur du livre Aspects du mythe, tente de percer le mystère de ces croyances qu’avaient, et ont toujours certaines sociétés. Nous y retrouvons cinq caractéristiques, tels que vus par les sociétés qui vivent ces mythes : l’emblème d’Histoire qu’ont les mythes, le caractère véridique et sacré de cette Histoire, le sujet abordé de la « création », la connaissance qu’il faut avoir des mythes et leur « puissance sacrée. »

D’abord, il nous faut comprendre que pour l’Homme vivant dans une société « primitive », le mythe est une forme de représentation vécue, et non une légende urbaine ou un conte pour enfants. Il s’agit de l’histoire du « commencement », qui explique le début des temps. Cette Histoire met en scène des personnages surnaturels et ce sont eux qui vivent, découvrent et créent dans notre monde. Ces Êtres Surnaturels varient dépendamment des peuples, mais leur existence est généralement commune à la mythologie d’une société « primitive ». Eliade l’explique parfaitement lorsqu’il dit que «le mythe relate les gestes des Êtres Surnaturels et la manifestation de leurs puissances sacrées ». Par cette première caractéristique, l’auteur tente d’associer un point commun important à tous les mythes différents.

Pour poursuivre, il faudrait témoigner de la véracité qu’ont ces mythes dans les sociétés où ils existent. En effet, « le mythe est considéré comme une histoire sacrée, et donc une ‘histoire vraie’, parce qu’il se réfère toujours à des réalités. » Les Hommes ont raison de croire que ces mythes sont « vrais », car il en existe des preuves.  Prenons comme exemple les poissons : le mythe de leur origine doit être vrai, puisque les poissons sont sur la terre pour le prouver. Ce sont donc des histoires sacrées, puisqu’elles mettent en scène des Êtres Surnaturels qui accomplissent certaines actions durant les temps mythiques, où les peuples y trouvent leurs explications.

Ensuite, nous pourrions décrire la troisième caractéristique comme étant un des éléments très présents pour chacun des mythes : il s’agit de la création. Chaque mythe raconte une « histoire », donne une explication aux choses qui nous entourent, aux actes que nous posons et aux idées en quoi nous croyons. Nous pourrions dire que « le mythe raconte comment […] une réalité est venue à l’existence, que ce soit la réalité totale, le Cosmos, ou seulement un fragment ». Que ce soit pour justifier l’existence d’une pierre ou d’un être humain sur la terre, les mythes sont les récits de la création.

Mentionnons aussi l’importance qu’attribue l’Homme à la connaissance de ces mythes. Selon lui, les mythes permettent d’expliquer le monde mais de plus, « en les réactualisant, il est capable de répéter ce que les Dieux, les Héros ou les Ancêtres ont fait ab origine. »  Pour certaines sociétés, en pratiquant un rite mythique particulier, nous pouvons assurer le retour de la première existence de cette chose désirée. Par exemple, le rite qui raconte l’origine de la pluie, lorsque racontée cérémonieusement par le peuple, assure une abondante saison de pluie.

Enfin, spécifions la magie que comportent ces mythes. Lorsque l’on pratique un rituel mythique en l’honneur d’un Dieu, « on sort du temps profane, chronologique, et on débouche dans un temps qualitativement différent, un temps ‘sacré’, à la fois primordial et indéfiniment récupérable. » ‘Vivre’ un mythe, c’est croire que la réactualisation de ces mythes que nous faisons pour honorer ces dieux a un impact, qu’il existe toujours ce lien intemporel.

Pour conclure, nous pouvons difficilement trouver une définition assez large pour englober tous les différents mythes existants, mais ces cinq caractéristiques trouvées par Eliade s’y appliquent et facilitent la compréhension du mythe vivant. Seule chose restante serait d’analyser les sociétés « primitives » d’aujourd’hui et de voir comment l’Homme moderne influence cette pensée mythique traditionnelle.

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