Il est primordial, dans un cours de philosophie, de présenter le
contexte d’émergence historique de la discipline. Pour les habitants des
sociétés archaïques, la pensée mythico-religieuse était l’unique façon de
comprendre le monde. Mircea Eliade, auteur du livre Aspects du mythe, tente de percer le mystère de ces croyances
qu’avaient, et ont toujours certaines sociétés. Nous y retrouvons cinq
caractéristiques, tels que vus par les sociétés qui vivent ces mythes :
l’emblème d’Histoire qu’ont les mythes, le caractère véridique et sacré de cette
Histoire, le sujet abordé de la « création », la connaissance qu’il
faut avoir des mythes et leur « puissance sacrée. »
D’abord, il nous faut comprendre que pour l’Homme vivant dans une
société « primitive », le mythe est une forme de représentation
vécue, et non une légende urbaine ou un conte pour enfants. Il s’agit de l’histoire
du « commencement », qui explique le début des temps. Cette Histoire
met en scène des personnages surnaturels et ce sont eux qui vivent, découvrent
et créent dans notre monde. Ces Êtres Surnaturels varient dépendamment des
peuples, mais leur existence est généralement commune à la mythologie d’une
société « primitive ». Eliade l’explique parfaitement lorsqu’il dit
que «le mythe relate les gestes des Êtres Surnaturels et la manifestation de
leurs puissances sacrées ». Par cette première caractéristique, l’auteur
tente d’associer un point commun important à tous les mythes différents.
Pour poursuivre, il faudrait témoigner de la véracité qu’ont ces
mythes dans les sociétés où ils existent. En effet, « le mythe est
considéré comme une histoire sacrée, et donc une ‘histoire vraie’, parce qu’il
se réfère toujours à des réalités. » Les Hommes ont raison de croire que
ces mythes sont « vrais », car il en existe des preuves. Prenons comme exemple les poissons : le
mythe de leur origine doit être vrai, puisque les poissons sont sur la terre
pour le prouver. Ce sont donc des histoires sacrées, puisqu’elles mettent en
scène des Êtres Surnaturels qui accomplissent certaines actions durant les
temps mythiques, où les peuples y trouvent leurs explications.
Ensuite, nous pourrions décrire la troisième caractéristique comme
étant un des éléments très présents pour chacun des mythes : il s’agit de
la création. Chaque mythe raconte une « histoire », donne une
explication aux choses qui nous entourent, aux actes que nous posons et aux
idées en quoi nous croyons. Nous pourrions dire que « le mythe raconte
comment […] une réalité est venue à l’existence, que ce soit la réalité totale,
le Cosmos, ou seulement un fragment ». Que ce soit pour justifier
l’existence d’une pierre ou d’un être humain sur la terre, les mythes sont les
récits de la création.
Mentionnons aussi l’importance qu’attribue l’Homme à la connaissance
de ces mythes. Selon lui, les mythes permettent d’expliquer le monde mais de
plus, « en les réactualisant, il est capable de répéter ce que les Dieux,
les Héros ou les Ancêtres ont fait ab
origine. » Pour certaines
sociétés, en pratiquant un rite mythique particulier, nous pouvons assurer le
retour de la première existence de cette chose désirée. Par exemple, le rite
qui raconte l’origine de la pluie, lorsque racontée cérémonieusement par le
peuple, assure une abondante saison de pluie.
Enfin, spécifions la magie que comportent ces mythes. Lorsque l’on
pratique un rituel mythique en l’honneur d’un Dieu, « on sort du temps
profane, chronologique, et on débouche dans un temps qualitativement différent,
un temps ‘sacré’, à la fois primordial et indéfiniment récupérable. »
‘Vivre’ un mythe, c’est croire que la réactualisation de ces mythes que nous
faisons pour honorer ces dieux a un impact, qu’il existe toujours ce lien
intemporel.
Pour conclure, nous pouvons difficilement trouver une définition
assez large pour englober tous les différents mythes existants, mais ces cinq
caractéristiques trouvées par Eliade s’y appliquent et facilitent la
compréhension du mythe vivant. Seule chose restante serait d’analyser les
sociétés « primitives » d’aujourd’hui et de voir comment l’Homme
moderne influence cette pensée mythique traditionnelle.
La vie est très courte
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